Quand le cinéma et l'entrepreneuriat se rencontrent - Interview de Rayen Hedji et Matoumany Baradji

A l’occasion de la promotion du court-métrage Un job en Or de Rayen Hediji, comédie d’action bien ancrée dans une réalité sociale, nous avons pu discuter de cette aventure mêlant cinéma et entrepreneuriat. En effet, dans le cadre de leur master UX design, pour former les entrepreneurs à la méthodologie Agile et la stratégie digitale, nos deux alternants ont pu témoigner du lien qu’ils experimentent entre cinéma et entrepreneuriat. Nous verrons comment ils mobilisent leurs compétences en management, en com, en droit et en projets numériques dans leur projet créatif.  .

Vous vous êtes rencontrés dans cette formation car vous incarnez tous les deux la dynamique de l’entrepreneur. Dans quelles mesures la réalisation d’un film à avoir avec la gestion de projet de votre master entrepreneurial et digital ? 

Rayen : Lorsqu’on réalise un film, on mène un projet. On est amené à travailler avec tous les chefs de postes des différents départements du film (déco, image, son,…). Tout ce qui est vu en cours peut être appliqué à un projet. La transversalité des compétences servent à toutes les étapes : avant, pendant et après le film. En ce moment, on est à l’étape diffusion ; tous les cours qu’on a eu sur les réseaux sociaux, le community management, le SEO, SEA sont fondamentaux pour établir une stratégie de communication intéressante pour atteindre notre cible (en l’occurrence, les diffuseurs donc chaine de TV type Canal+, Arte, Prime video,…). 

Mat : J’étais depuis déjà quelque temps à la recherche d’un projet dans lequel m’investir. Avec ce film, j’ai pu me confronter aux réalités que je recherchais. Le droit pour les contrats, pour protéger l’œuvre, la négociation, le pitch aux investisseurs… Je suis plus axé sur la gestion de projet, les outils techniques, les livrables, les budgets, tandis que Rayen est plutôt sur le management des équipes artistiques… Tout ça participe à l’écosystème de la réussite du court métrage. Le cinéma ce n’est pas juste l’écriture d’un scénario puis le tournage. 

Quel est le gros défi que vous avez rencontré en tant que réalisateur et producteur et comment les avez-vous surmontés ? Etait-ce grâce à des ressources d’entrepreneur ?

Rayen : Oui, on a entre autres puisé dans nos compétences de manager et méthodologie lean UX, car le plus gros défi a été de gérer le tournage à Los Angeles. Deux semaines sur place pour gérer les repérages, faire des répétitions, tout ça pour avoir un résultat de qualité. On retrouve ici les fondamentaux de la gestion de projet, le mvp, les deadlines, le rétroplanning.  

Mat : Tout a un coût et quand tu additionnes, ça fait un somme. Tout est sous contrat…On a loué du matériel sur place. On a été surpris par le budget qui a doublé (rire), on a pas forcément anticipé le coup de la vie et phénomène très américain : chaque métier est segmenté, très peu de profils sont polyvalents. En France, tu peux avoir 1 maquilleuse-coiffeuse, pas là-bas. En contrepartie, on y gagne sur la qualité et le niveau d’expertise. Dans notre projet, tu as une trentaine de bénévoles français, mais pas de bénévoles aux states (rire) Le court métrage c’est un business.  

Pouvez-vous partager une expérience marquante où votre approche entrepreneuriale a joué un rôle dans la réussite du projet cinématographique ? 

Rayen : Une expérience marquante… Je pense au moment où l’on a dû présenter le film dans une grosse salle à New York. On est entraîné aux pitchs, à l’oral etc, c’est un exercice à part entière qu’on a l’occasion de faire plusieurs fois tout au long de l’année, donc ça simplifie pas mal les choses. 

Mat : Pendant un tournage, Rayen a cette capacité à parler à tous les corps de métiers, à toutes les équipes. Il sait agencer ses idées et partager ses besoins à toutes les parties prenantes : maquilleuse, comédien, DOP, chef machino… Pour ma part, c’est plus la capacité à négocier. 

On a bien compris que tous les enseignements du Mastère intervenaient à un moment ou à un autre dans votre projet de court-métrage, que ça soit dans la production, le management, le droit et la com pour toute la diffusion. Et on pourrait se demander, dans quelle mesure la gestion de projet apprise dans le master influence-t-elle directement la création ? Dans votre cas, est-ce que ça rend plus créatif de savoir mener un projet ? 

Rayen : Oui clairement, quand on sait ce qu’on est en capacité de faire ou pas, ça nous permet de plus facilement visualiser des plans, de développer des idées… on a un plus large champ de vision, qu’on aurait pas forcément si on ne maîtrisait pas cette compétence. Comme l’a dit Mat, faire du cinéma, ça va au-delà de seulement écrire un scénario, le tourner et le monter. Il y a toute une organisation derrière, et encore une fois, plus on maîtrise le projet, plus on peut se faire plaisir et aller exploser des idées artistiques plus poussées. On peut donc vraiment dire que ça nous donne les moyens d’être créatif, avec tout ce que ça implique. 

Mat : En dehors vraiment de l’aspect artistique, la gestion de projet peut aider à être créatif, tant dans le développement des relations humaines, l’organisation, la création, avoir une autre vision et rester dans l’ère du temps en appliquant les techniques qui s’y prêtent, pour garder ce côté novateur dans les idées qu’on amène. 

Si ce n’est pas un renfort artistique, est-ce que cette expérience vous aide sur votre poste actuel en entreprise dans laquelle vous faîtes votre master en alternance ? 

Rayen : Bien sûr, les missions qu’on doit réaliser durant le master se représentent souvent en entreprise, donc on est vraiment apte à mettre en pratique ce qu’on a appris en cours et le réadapter dans la vie “active”. 

Mat : Oui car la formation représente pleinement le cœur du métier. Ça aide beaucoup aussi dans les relations professionnelles, avoir de la discussion, une pensée plus développée et une réelle ouverture d’esprit.

Pour finir, qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ? La signature d’un long métrage, la réalisation d’un court en anglais ? 

Rayen : Déjà des festivals, beaucoup de festivals (rire). Mais surtout que ça nous permette de montrer le film aux producteurs, être repéré et avoir des propositions pour développer cette histoire qui a un énorme potentiel. 

Mat : De signer, d’avoir beaucoup de financements, publics ou privés, on est ouvert à tout. Élargir également le film sous format long métrage ou série, selon les attentes du public et les opportunités. 

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