Interview de Clarisse Lochmann, ancienne étudiante en Licence scénariste nouveaux médias

Bonjour Clarisse, tout d’abord félicitations pour votre album jeunesse Dans la file, qui vient juste d’être édité par l’Atelier du Poisson soluble. De quoi parle votre livre et quelles techniques ont été utilisées pour sa réalisation ? Pouvez-vous nous raconter les motivations derrière ce projet et comment vous vous êtes rapprochée de l’édition jeunesse ?

L’attente est un sujet qui m’intéresse depuis quelques années. J’en avais notamment fait mon sujet de mémoire de DSAA et mon projet de diplôme. Ce moment souvent considéré comme une perte de temps car on y fait « rien » mais pendant lequel, paradoxalement, on prend le plus conscience du temps qui s’écoule. Si l’on se trouve dans une file d’attente, c’est parce que d’autres personnes ont eu la même idée que nous et nous contraignent à attendre notre tour. On se retrouve bloqué-es à ne rien faire avec d’autres personnes ; on dispose alors de temps pour regarder les gens. Il y a des personnes de tous âges, des patients, des bavards, des grugeurs, d’autres qui lâchent l’affaire en cours de route… C’est la dimension collective et sociale de l’attente.

Pour parler de ça, j’ai eu envie de faire un livre qui présenterait ces différentes réactions dans la file d’attente. Cela me plaisait de jouer avec différents « niveaux » de lecture, de fonctionner par sous-entendus. Je m’adresse aux enfants mais aussi aux adultes susceptibles de lire l’histoire avec eux et elles. Le format du livre est agréable puisqu’il permet de prendre le temps de développer une idée sur plusieurs pages, de travailler la narration. Formée au graphisme, j’avais envie d’ajouter une dimension artistique plus forte à mon travail. Avec l’illustration, je mêle la couleur, le dessin au crayon, les encres mais aussi un travail numérique.

Vous étiez étudiante au Campus en Licence scénariste nouveaux média (promo 2010-2011), quels ont été pour vous les moments forts de votre formation ?

J’ai beaucoup aimé l’étude de différents web documentaires (avec François Lozet qui enseignait à la Fonderie à ce moment là). Réfléchir à la manière dont on peut guider l’internaute d’un point A à un point B, aux différentes possibilités de parcours des utilisateurs et utilisatrices, avec des métaphores visuelles, de sens, etc. L’autre point fort est celui d’avoir appris les bases de la création d’un site web. Loin d’être une « développeuse », cette formation m’a permis d’avoir les bases pour échanger avec les développeurs, d’avoir le langage nécessaire pour discuter de ce que l’on peut faire ou non pour réaliser un projet. Et au quotidien, cela m’est très utile ne serait-ce que pour mon propre site internet. 

Quel a été votre parcours professionnel jusqu’à ce jour et quel rôle y a joué l’alternance ?

L’année d’alternance m’a permis de me faire une idée concrète du travail dans une agence de communication. C’était une année dense et enrichissante. Après cette année de licence, j’ai fait un DSAA puis je suis partie travailler deux ans à Barcelone en tant que graphiste. C’est à mon retour en France en 2016 que j’ai commencé à travailler en tant qu’illustratrice indépendante.

Quels sont vos coups de cœur graphiques du moment (édition, affiche, cinéma, exposition…) ?

En édition, j’ai beaucoup aimé La traque de Sara, un album jeunesse paru en 2018. Des illustrations de papiers déchirés magnifiques, avec des volets qui se soulèvent seulement de temps en temps. Le fait que l’on ne puisse pas soulever ces volets de façon systématique ajoute une force supplémentaire au livre : il s’agit de l’histoire d’un chasseur traquant sa proie et en tant que lecteur ou lectrice, on se met à traquer les quelques volets qu’il sera possible de soulever.

Sinon, j’ai adoré l’exposition de Erwin Wurm à la Vieille charité (Marseille), une maison « compressée »… 

Quel est l’ouvrage qui se trouve sur votre table de chevet ?

Les Cahiers D’Esther ! Gloussade avant de dormir. 

Ou celui que vous lisez dans les transports en communs ?

Le plan du métro ? Regarder les gens ?